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L'intelligence démocratique : de l'école à la société

     

Professor Abdallah Saaf



L'intelligence démocratique : de l'école à la société

La société peut être illustrée par l’école, sans préjugé quant aux déterminant et déterminé, de l’école ou de la société. L’école est à l’image de la société, elle la reflète, et elle peut elle-même la façonner. La notion de l’intelligence pose la question du rapport démocratique dans le cadre social.

 

L’autre image concerne la leçon donnée de l’extérieur et celle qui vient de l’intérieur : la maïeutique (Socrate, Freire), la dialectique (Aristote), le discours unilatéral (la science moderne). L’universalisme national peut être défini comme la tendance des puissances à considérer leurs valeurs et leurs cultures nationales comme universelles. Cette tendance est flagrante dans les projets d’exportation de la démocratie. Mais ces projets d’exportation n’en sont pas moins ambigusDiverses expériences, à l’œuvre aujourd’hui, montrent l’indétermination qui enveloppe les perspectives des pays où l’on a cherché à imposer de manière trop volontariste et excessivement transformiste des régimes démocratiques (l’Irak depuis l’invasion américaine, nombre de pays arabes au lendemain du printemps arabe, mais aussi de nombreux pays africains depuis le début du siècle…). À diverses phases de l’histoire aussi, d’autres expériences révèlent que la lutte pour le modèle démocratique reste un défi majeur dans le monde entier (Afrique du Sud, Argentine, Indonésie,  Zimbabwe, etc…). Mais comme le souhaitait Amartya Sen, il convient de fournir plus d’efforts pour  « une compréhension adéquate des racines profondes de la pensée démocratique » dans les aires propres aux différentes civilisations. Ainsi, construire un projet démocratique nécessite des trajectoires nationales alimentées par l’histoire et la culture propres aux pays concernés.

Parmi les objections qui plaident en faveur de la démocratie, deux semblent centrales :

- quel sens attribuer au modèle démocratique dans les pays les plus pauvres ?  La démocratie ne pourrait-elle pas apparaître comme un obstacle empêchant le développement, en détournant l’État des priorités économiques et sociales ? Les réponses données à cette question sont loin d’être évidentes ;

 - comment enseigner la démocratie alors qu’elle est imprégnée de doutes de nature historique et culturelle, quand cet enseignement est marqué du caractère d’une tentative de prescrire les valeurs et les pratiques déterminées au reste du monde ? L’Occident, là où il se trouve, peut-il assurer être l’incarnation et le porteur unique des valeurs et pratiques en question ? De sérieux doutes entourent cet occidentalo-centrisme, et ses discours et actions au nom de la défense et de la promotion de la démocratie et des droits de l’homme, de l’ingérence démocratique, du rétablissement de l’ordre constitutionnel ici ou là dans le monde actuel (Guinée, Mali, Burkina Faso …).

La possibilité de voter sert souvent à définir et identifier la démocratie. La théorie politique (en l’occurrence celle de Samuel Huntington) la reliait à la troisième vague démocratique. Les processus de démocratisation à la fin du XXème siècle se fondaient sur des élections ouvertes, libres et justes, lesquelles devaient représenter l’essence même de la démocratie.  Ce point de vue est dominant dans une importante partie de la littérature, et dans l’esprit de nombreux acteurs individuels ou collectifs. Cependant, au-delà des élections libres et des scrutins, le vote ne suffit pas pour faire la démocratie. Selon Rawls, la démocratie serait l’exercice de la raison publique, où s’affirme la possibilité « pour tous les citoyens de participer aux discussions publiques », ainsi que celle « d’être en mesure d’influencer les choix relatifs aux affaires publiques ». Rawls ajoute à ces éléments la diversité des doctrines, l’existence d’un certain pluralisme.

Basée sur les libertés fondamentales, la démocratie commence avec l’expression des points de vue dissidents. Elle serait le débat public, la participation, la délibération, la réflexion collective, les échanges citoyens, la participation, l’intelligence collective, lesquels peuvent faire changer les attitudes arrêtées. Dans chaque pays, il existe une histoire du champ public et du débat public, qui l’anime. Elle renvoie à un partage de l’autorité politique ; elle se définit comme le droit à la participation politique, comme le droit de faire entendre les voix des citoyens. Elle englobe également la possibilité de parler et d’écouter, elle se fonde sur une culture de la tolérance à l’égard des points de vue différents, et elle se nourrit du pluralisme. Cela existerait aussi dans les différentes civilisations.

Dans son autobiographie, « Un long chemin vers la liberté », Nelson Mandela, se rappelant des rencontres locales dont il avait été témoin quand il était jeune, écrit : « Toute personne qui voulait prendre la parole pouvait le faire. Il s’agissait de la démocratie dans sa forme la plus pure. Il se peut qu’il y ait eu une hiérarchie dans l’importance des intervenants mais qu’il soit chef ou sujet, guerrier ou médecin, boutiquier ou fermier, propriétaire ou travailleur agricole, chacun pouvait se faire entendre…Ce qui fut le fondement de l’autonomie : tous étaient libres d’exprimer leurs opinions et tous étaient égaux en tant que citoyens ». Les études développées par les sciences sociales ayant pour objet aussi bien l’Afrique du Nord que l’Afrique subsaharienne montrent qu’il existe un héritage politique africain à base de participation et de reddition des comptes.

De nombreux éléments de gouvernements démocratiques existent à l’échelon local en Asie et en Afrique. Il ne s’agit pas ici de mythifier le particularisme local et la démocratie locale car ils peuvent engendrer l’étroitesse d’esprit et le communautarisme, et aussi un refus trop expéditif de l’universalisme, car la démocratie demeure un bien universel, un bien qui repose sur des standards internationaux de la démocratie.

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الاحد 8 سبتمبر 2024
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