L'amélioration de la productivité agricole reste confrontée à un déficit chronique d'investissements en raison de la problématique foncière liée à l'exiguïté des exploitations agricoles et exacerbée par un très faible niveau d'organisation des agriculteurs. Cette situation est accentuée par la faible attraction des capitaux privés, la limitation du financement bancaire et l'insuffisance des capacités managériales dans le secteur.
Afin de surmonter ces obstacles, le Plan Maroc vert a adopté l'agrégation comme solution pour
contourner ces problématiques. Modèle novateur d'organisation des agriculteurs autour d'acteurs privés ou d'organisations professionnelles à fortes capacités managériales, cette solution permet notamment de dépasser les contraintes liées à la fragmentation des structures foncières tout en assurant aux exploitations agrégées de bénéficier des techniques modernes de production et du financement et d'accéder au marché intérieur. Cette forme d'organisation qui a démontré son efficacité au niveau national et international est appelée à être renforcée par un projet de loi.
Afin d'élargir les concertations autour de cette thématique, l'Agence pour le développement agricole vient d'organiser samedi dernier à Rabat un séminaire national sur l'agrégation. Cette rencontre s'est caractérisée par la signature de 42 conventions d'agrégation entre le ministre de l'Agriculture et de la Pêche maritime représentée par l'Agence pour le développement agricole et les directions régionales de l'agriculture d'une part et les agrégateurs d'autres part dans le but de permettre aux agriculteurs et agrégateurs de se positionner dans le secteur.
Par ailleurs, différentes questions relatives à l'agrégation ont été débattues dans ce cadre notamment les bases technico-économiques de contractualisation dans les projets d'agrégation, le rôle des interprofessions, le cadre juridique de l'agrégation et les leviers de développement de l'agrégation liés au soutien, au financement et à la gestion des risques dans les projets d'agrégation. Intervenant à cette occasion, le ministre de l'Agriculture Aziz Akhnaouch a indiqué que le gouvernement a adopté une batterie de mesures visant à renforcer l'agrégation.
Ainsi, ce dernier, s'est engagé dans un processus de réforme du régime incitatif relevant du fonds de développement agricole. Dans ce sens, il a été procédé au renforcement de l'appui financier accordé dans ce domaine et à l'élargissement des champs de son intervention en mettant l'accent sur la chaîne de valorisation et de commercialisation. L'Etat a investit aussi dans la mise en place d'un régime incitatif spécifique relatif aux projets d'agrégation dans le but d'intégrer le plus grand nombre de petits agriculteurs dans ces projets.
D'après le ministre, ces mesures ont commencé à porter leurs fruits puisque les investisseurs commencent à manifester un intérêt particulier aux projets d'agrégation dans différentes régions du Royaume. En effet, le secteur agricole dispose à son actif de véritables modèles réussis de l'agrégation.
Parmi ces modèles on peut citer le projet de développement intégré de la filière tomates primeurs dans la région de Souss autour d'un pôle primeurs intégré, la filière des fraises destinée au marché européen dans la région du nord, la filière nationale de lait et celle du sucre. Selon le président de la COMADER, Ahmed Ouayach (Confédération marocaine de l'agriculture et du développement rural), le secret de la réussite de ces modèles est leur adoption d'une approche projet conduite par des vrais agro-entreprises. Rappelons qu'un projet d'agrégation peut être monté selon un modèle d'agrégation simple et peut évoluer ensuite vers des modèles plus intégrés. Et ce ; parallèlement à l'instauration de la confiance mutuelle entre agrégateur et agrégés. La mise en place d'un projet du genre passe généralement par six phases à savoir l'identification, la conception, la négociation, la validation, la contractualisation et enfin la mise en œuvre.
Les mesures incitatives de l'Etat
Dans le but de garantir le développement des projets d'agrégation, l'Etat a mis en place un arsenal de mesures pour renforcer ces modèles d'organisation. Ces mesures ont porté essentiellement sur la préparation d'une offre de projets d'agrégation, la mise en place d'un soutien spécifique aux projets, l'accès préférentiel au foncier de l'Etat dans le cadre d'un partenariat et la mise en place d'un système de financement adapté. Par ailleurs, l'Etat a procédé dans le cadre de la réforme du système incitatif à la mise en place, à travers le Fonds de développement agricole, d'un système incitatif spécifique aux projets d'agrégation.
Par Yousra Amrani | LE MATIN