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25 ans de règne : Le Maroc et l'Afrique, destins liés

     

Alphonse Zozime TAMEKAMTA

Responsable du Comité scientifique de NejMaroc, membre de la section Cameroun d’OMA



25 ans de règne : Le Maroc et l'Afrique, destins liés

Le 30 juillet 1999, après la mort du Roi Hassan II à la grande consternation du peuple marocain et africain dans son ensemble, le Roi Mohammed VI a hérité du Trône, comme 32e Monarque de la dynastie Alaouite. 25 ans plus tard, il est important de faire un bilan et d’analyser le règne promoteur du Roi Mohammed VI qui n’a de cesse manifesté son ardent désir de voir l’Afrique se projeter durablement vers un avenir radieux. C’est pourquoi Il tient la coopération Sud-Sud, décomplexée et équitable, comme le principal ferment de l’unité africaine.

Au total, entre Mohammed VI, le Maroc et l’Afrique, les destins sont liés par son ardent désir de faire de l’Afrique un continent de paix, de stabilité et de développement autocentré. La célébration du 25e anniversaire de l’accession au Trône du Roi Mohammed VI offre l’occasion d’analyser le rapport entre le Roi, le Maroc et l’Afrique sous trois prismes : partenariat gagnant-gagnant, développement durable pour une Afrique prospère et solidaire, intégration africaine mutuellement bénéfique à partir du Sahara marocain.


I- Mohammed VI, le Maroc et l’Afrique : deux décennies de partenariat gagnant-gagnant

À l’accession au trône du Roi Mohamed VI en juillet 1999, Il a donné un coup d’accélérateur aux relations économiques et commerciales entre le Maroc et ses partenaires de l’Afrique subsaharienne. Compte tenu de l’ancrage du Maroc à son continent d’appartenance, Il a élaboré une vision à long terme, laquelle s’appuie sur les vertus de la coopération Sud-Sud et sur l’impératif du développement humain, dans l’établissement de rapports économiques équitables justes et équilibrés. Cette nouvelle vision s’est traduite par l’annulation, par le Maroc lors du Sommet Afrique-Europe de 2000, de l’ensemble de la dette de chacun des pays africains les moins avancés (PMA) et de l’ouverture des frontières marocaines aux produits d’exportation en provenance de ces PMA africains.

Concomitamment, le Maroc est le principal investisseur de la région de l’Afrique de l’Ouest, 2e investisseur africain en Afrique (après l’Afrique du Sud) il y a une décennie et 1er investisseur africain en Afrique aujourd’hui. Pour cela, sur la période 2004-2014, le montant global des échanges commerciaux du Maroc avec le continent a grimpé de 13% en moyenne par an pour atteindre 3,76 milliards d’euros en 2014. En poursuite de cette politique d’ouverture et de consolidation de ses rapports, le Maroc a conclu plus de 3.200 accords bilatéraux avec ses partenaires africains et a procédé à l’octroi de plus de 18.000 bourses pour les étudiants et cadres africains de 42 pays dans les universités et centres de formation au Maroc.


De même, deux types d’accords ont été convenus avec les partenaires africains : Les accords bilatéraux (accords commerciaux et accords relatifs à l’investissement) et les accords à caractère régional. Ces données témoignent de l’activité diplomatique pilotée par Sa majesté le Roi Mohammed VI qui a effectué 43 voyages officiels à l’intérieur du continent, entre 2000 et 2016. A l’occasion du discours du Roi Mohammed VI, prononcé le 31 janvier 2017 au moment du retour du Royaume dans sa famille institutionnelle, Il déclarait : « Malgré les années où nous étions absents des instances de l’Union Africaine, nos liens, jamais rompus, sont restés puissants, et les pays africains frères ont toujours su compter sur nous : Des relations bilatérales très fortes ont ainsi été développées de manière significative : Depuis l’an 2000, le Maroc a conclu dans différents domaines de coopération, près d’un millier d’accords avec les pays africains ».

C’est fort des expériences multisectorielles du Maroc et de l’expertise du Royaume en matière de développement humain que s’inscrit le nouveau format de développement du socle partenarial Maroc-Afrique, responsable et durable, basé sur un véritable cadre de co-développement, où l’humain et son mode de vie, sont au centre de la Vision Royale africaine. Ce partenariat, depuis deux décennies, s’est renforcé par « des actions concrètes de solidarités, telles que l’annulation de la dette des pays les moins avancés du continent, l’accueil des étudiants et des cadres africains dans les universités et les formations au Maroc, la régularisation des subsahariens en situation irrégulière au Maroc, le financement de projets à caractères socio-économiques, ou encore la formation d’imams et de morchidates à travers la Fondation Mohammed VI des Oulémas africains ».

II- Fondation Mohamed VI : outil de développement durable pour une Afrique prospère et solidaire

S’agissant de la Fondation Mohamed VI pour le développement durable, créée en 2008, elle a financé plusieurs projets dans les pays africains. Au Sénégal, par exemple, la Fondation a ouvert une clinique ophtalmologique à Dakar. De même, plus de treize accords ont été signés entre les deux pays dont l’un conclut entre l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) du Maroc et l’Agence sénégalaise d’électrification rurale (ASER). Celui-ci portait sur la distribution de l’électricité dans la ville sénégalaise de Saint-Louis.

De même, le Maroc, à travers Peacock Investments, une filiale du groupe Holmarcom, a réalisé le projet immobilier «Cité des fonctionnaires », sur 73 hectares pour un coût global de 37 milliards de francs CFA. En Côte d’Ivoire, plus de 46 conventions de coopération qui ont été signées entre les deux pays. Ceci a permis la réalisation du projet relatif au point de débarquement aménagé (PDA) de la pêche artisanale de Grand Lahou, la construction de 7.500 logements sociaux, la construction d’une cimenterie dont la production était estimée à environ un million de tonnes en 2014. Avec la Guinée Equatoriale, deux accords sont signés dont l’un cède à l’Agence spéciale Tanger Med (TAMSA) la gestion du port de Malabo.

Dans le domaine de la communication, Maroc Télécom a acquis des filiales d’Etisalat (Moov) au Bénin, en Côte d’Ivoire, au Niger, au Togo, en Centrafrique et au Gabon. Dans le secteur financier plusieurs grandes banques marocaines qui tissent et consolident leurs réseaux. C’est l’exemple d’Attijariwafabank (présente dans plusieurs pays en Afrique de l’ouest et centrale dont le Cameroun), de la Banque marocaine du commerce extérieur (BMCE) ou de la Banque centrale populaire (BCP) du Maroc. Dans le secteur privé, on assiste aux activités des groupes d’assurance , de constructionet de médias en Afrique au sud du Sahara.


C’est fort de cet ancrage historique et des destinés liés entre le Roi, le Maroc et l’Afrique, que le Souverain déclarait le 31 janvier 2017, au moment où le Maroc retrouvait sa famille africaine qu’ «il est beau, le jour où l’on rentre chez soi, après une trop longue absence ! Il est beau, le jour où l’on porte son cœur vers le foyer aimé ! L’Afrique est Mon Continent, et Ma maison. Je rentre enfin chez Moi, et vous retrouve avec Bonheur. Vous M’avez tous manqué ».

Bien plus, sous l’impulsion du Roi Mohammed VI, le Maroc a manifesté sa solidarité envers certains pays d’Afrique subsaharienne, à travers les instructions royales du 13 avril 2020. Par cette démarche pragmatique et orientée vers l’action destinée aux pays africains, le Maroc a partagé son expérience et ses bonnes pratiques afin d’accompagner leurs efforts dans les différentes phases de gestion de la pandémie.

Au total, le don marocain a été orienté vers 15 pays d’Afrique : le Burkina Faso, le Cameroun, les Comores, le Congo, Eswatini, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Malawi, la Mauritanie, le Niger, la République Démocratique du Congo, le Sénégal, la Tanzanie, le Tchad et la Zambie. Ce don était composé de : 8 millions de masques; 900.000 visières ; 600.000 charlottes ; 60.000 blouses ; 30.000 litres de gel hydro-alcoolique, 75.000 boîtes de chloroquine et 15.000 boîtes d’Azithromycine.

Malgré ses moyens limités, le don marocain constitué des médicaments et du matériel de prévention, tous made in Morocco, était plus consistant que celui de certains grandes puissances économiques du monde en direction de l’Afrique.

III- Le Sahara marocain comme propulseur de l’intégration africaine mutuellement bénéfique

L’intégration africaine est une variable atemporelle des discours royaux depuis quelques années. Cette ferme volonté et l’ensemble des actions entreprises ou projetées transparaissent, aussi régulièrement soit-il, dans les discours royaux, notamment ceux tenus à l’occasion de la célébration du 47e (6 novembre 2022) et du 48e (6 novembre 2023) anniversaire de la glorieuse Marche Verte. En effet, lors du discours du 6 novembre 2022, l’une des grandes innovations du discours Royal a été l’évocation affirmée du lien entre le Maroc et sa profondeur africaine, à travers le Sahara marocain.

Cela est d’autant important et prégnant que le Roi, au-delà de l’excellence des rapports entre le Nigéria et le Maroc, a réaffirmé l’intérêt qu’il porte sur le projet de Gazoduc Nigéria-Maroc. Il s’agit d’un projet, certes bilatéral, mais qui a une importante portée intégrative africaine. Car, non seulement il va permettre de remplacer progressivement la dangereuse dyade géopolitique Afrique du Nord et Afrique subsaharienne, mais aussi, il va permettre la construction systématisée des espaces interlocaux africains et un espace aux continuités économiques et culturelles avantageuses, dans le cadre de la ZLECAF.

L’évocation, par le Roi, du Mémorandum d’entente signé avec le CEDEAO, la Mauritanie et le Sénégal, témoigne de l’intérêt sans cesse croissant depuis deux décennies, de parvenir à la construction du co-développement et de la co-prospérité, mutuellement bénéfique à toute l’Afrique. C’est ainsi qu’au nom de l’attachement réaffirmé du Royaume à sa profondeur africaine, que le Roi, au nom du peuple, avait marqué Sa disponibilité et surtout Sa « réceptivité à toute forme de partenariat fructueux visant à mener à bien ce projet africain d’envergure ». Cet engagement du Roi est ainsi conforme aux aspirations de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, ainsi qu’à au moins sept (7, 8, 9, 10, 11, 16 et 17) Objectifs du Développement Durable.


Bien plus, à travers le discours royal tenu le 6 novembre 2023 à l’occasion du 48e anniversaire de la glorieuse Marche Verte, il transparaît clairement la volonté du Roi d’accélérer le développement des provinces du Sud. En effet, malgré les vaines logorrhées des adversaires évanescents de l’intégrité territoriale du Maroc, le Roi entend tirer le meilleur parti des avantages qu’offrent les provinces du Sud. Il s’agit, notamment, de la côte Atlantique du Maroc qui s’étire du Nord-au Sud-ouest sur 2. 940 km.

Ainsi, au-delà de la vision royale inscrite dans le Nouveau Modèle de Développement pour les provinces du Sud (NMDPS) et de la mise en place de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), le Roi entend faire de « la façade atlantique […] un haut lieu de communion humaine, un pôle d’intégration économique, un foyer de rayonnement continental et international». Pour y parvenir, des projets infrastructurels d’envergure y ont été lancés, avec pour objectif d’optimiser leur développement économique et d’assurer une connexion fluide entre les différentes composantes du littoral atlantique.

Toutes ces actions visent, au-delà de l’extension des métropoles du Sahara marocain, l’établissement d’une économie maritime pour le développement de toute la région et le bénéfice des populations locales. C’est ainsi que Sa Majesté le Roi Mohammed VI s’inscrit non seulement dans la poursuite de ses orientations politiques antérieures mais aussi s’approprie les prescriptions de l’ONU et l’UA en matière de développement des infrastructures et de l’intégration de l’Afrique. Autrement dit, en tant qu’artisan du développement de l’Afrique, le Roi Mohammed VI s’inscrit dans la mise en œuvre : des résolutions contenues dans la Déclaration de Malabo de 2014, du Programme de politiques de transport en Afrique (SSATP) à l’initiative tripartite des CERs COMESA/EAC/SADC, la coopération avec des agences de transport spécialisées, telles que la CAFAC…toute chose utile pour le parachèvement de l’intégration économique de l’Afrique.

Au demeurant, le règne du Roi Mohammed VI, depuis 1999, se caractérise par une nouvelle approche de coopération, au-delà de la consolidation des acquis du passé. Celle-ci se distingue par: un intérêt croissant accordé au secteur économique dans les relations du Maroc avec les pays de l’Afrique subsaharienne, de nombreuses visites royales effectuées dans différents pays africains et la signature de 400 accords en une décennie avec plus de 40 pays, l’orientation en faveur du développement de relations et des accords avec de nouveaux groupes régionaux tels que l’UEMOA et la CEMAC.

Après 25 ans de règne, l’on est en droit de dire que la coopération du Maroc avec les pays d’Afrique a permis de raffermir les liens historiques entre le Royaume et le continent. En tant que promoteur de la coopération Sud-Sud, le Maroc a créé les conditions de rapprochement avec les autres pays africains, même les plus éloignés sur le plan politique ou géographique et confirmé son rôle d’acteur actif des relations internationales.



الثلاثاء 6 غشت 2024
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