Le Maroc traverse l’une de ses pires périodes de sécheresse. Au cours des 43 dernières années, le Royaume a traversé 7 périodes de sécheresse, présentant des niveaux de sévérité variables.
La plus faible pluviométrie a été enregistrée, en 2017, avec seulement 103 mm de précipitations annuelles. Ce qui caractérise la présente sécheresse, c’est sa durée exceptionnelle de six années consécutives, marquant ainsi la période de sécheresse la plus longue de l’histoire du pays.
En effet, sur cette période, le cumul des précipitations moyen s’est établi à 127 mm, comparé à une moyenne de 183 mm observée sur la période étudiée, représentant ainsi une baisse significative d’environ 30 %. Cette situation critique se reflète également dans le niveau de remplissage des barrages, qui était de seulement 26% au 21 mars 2024, contre 34% à la même période de l’année précédente, ou même 71%, dix années auparavant (Ministère de l’Équipement, 2024).
De plus, depuis 1981, seulement 18 des 43 dernières années ont enregistré des niveaux de pluviométrie supérieurs à la moyenne. En d’autres termes, plus de la moitié de cette période a été caractérisée par des années sèches. Cette tendance souligne l’ampleur du défi que représente la gestion de l’eau au Maroc et met en évidence la nécessité de stratégies efficaces pour faire face aux répercussions de la sécheresse sur l’agriculture, l’économie et la sécurité alimentaire du pays.
Une situation de déficit hydrique globale exacerbée par une disparité spatiale et temporelle. La position géographique du Maroc le prédestine à un climat de type tempéré comportant des contrastes dans l’espace et dans le temps. Marquées par cette variabilité spatiale, les précipitations se font rares progressivement en allant vers l’Est, dans la zone méditerranéenne, et vers le Sud, dans la zone atlantique.
Les14 bassins hydrographiques que compte le pays sont contrastés en termes de dotation en eau. Bien qu’ils occupent que 22%, les bassins nordiques, rifains et ceux situés dans le centre du pays fournissent environ 72% des eaux mobilisables. Les bassins hydrographiques du sud occupent environ 65 % des superficies totales et ne contribuent qu’à hauteur de 5% des eaux mobilisables en raison de la faiblesse des précipitations au niveau de ces bassins.
Quant à la variabilité temporelle, les modèles de précipitations saisonnières indiquent un changement vers des événements pluvieux plus longs et plus intenses en octobre et novembre, ce qui génère souvent des inondations, tandis que le reste de l’année connaît des réductions significatives des précipitations.
On observe également une augmentation de la fréquence et de l’intensité des phénomènes extrêmes tels que les fortes pluies entraînant des inondations dans certaines régions, ainsi que des périodes de sécheresse et des vagues de chaleur dans d’autres zones.
Conscient de l’ampleur du problème, le gouvernement a pris des initiatives et mis en place des politiques pour améliorer la gouvernance et la gestion de ses ressources hydriques, et ce depuis l’indépendance. Les initiatives déployées ont pour objectif d’assurer un approvisionnement en eau durable pour tous les citoyens, tout en préservant les écosystèmes et en répondant aux défis posés par le changement climatique.
Le lancement de la politique des barrages a marqué le début de cette volonté de gestion des ressources hydriques. Instaurée dans les années 1960, cette politique ambitieuse visait principalement à mobiliser d’importantes quantités d’eau pour répondre aux besoins variés des secteurs agricole, de l’eau potable et de l’industrie.
Par la suite, une politique de planification à long terme a été mise en place au début des années 1980, pendant la période d’ajustement structurel, visant à réévaluer l’efficience de l’utilisation de l’eau et à introduire de nouveaux instruments de gestion, notamment la tarification de l’eau. La période suivante, dite post ajustement structurel, a été marquée par un changement radical dans la politique de l’eau, passant d’une logique de gestion de l’offre à une gestion de la demande.
Un changement technologique majeur a été introduit dans le secteur de l’irrigation, principal consommateur d’eau, notamment à travers la conversion des systèmes d’irrigation vers des méthodes plus efficientes telles que l’irrigation localisée, dans le cadre du Plan National d’Économie d’Eau d’Irrigation (PNEEI). Aujourd’hui, le Programme National pour l’Approvisionnement en Eau Potable et l’Irrigation (PNAEPI) 2020-2027 vise à renforcer l’approvisionnement en eau et l’irrigation au Maroc.
Ce programme prévoit des investissements de 115,4 milliards de dirhams pour développer l’offre en eau (barrages, stations de dessalement), gérer la demande (réduction des pertes dans les réseaux de distribution, irrigation localisée), améliorer l’approvisionnement en eau potable en milieu rural, réutiliser les eaux usées épurées et sensibiliser le public. Le PNAEPI constitue la première phase du Plan National de l’Eau 20-50, qui définit les actions à mener pour assurer la sécurité hydrique du pays au cours des trente prochaines années.
Une politique de l’eau ambitieuse, qui a permis de doter le pays d’un patrimoine hydrique important et d’un cadre législatif, relativement performant, a eu un impact positif sur le développement économique et social. Le Maroc s’est doté d’un riche patrimoine de 152 grands barrages, totalisant une capacité de stockage impressionnante de 19,9 milliards de m3, et a lancé la construction de 20 nouveaux barrages pour atteindre une capacité de stockage nationale de 27,3 milliards de m3 à l’horizon 2027.
Afin de garantir un équilibre entre les bassins, 16 ouvrages de transfert d’eau, s’étendant sur près de 785 kilomètres au total, ont été mis en place. En parallèle, et afin d’élargir l’offre de l’eau, le pays s’est tourné vers l’utilisation des eaux non conventionnelles, notamment les eaux de mer et les eaux usées. Pour le dessalement, le pays compte actuellement 9 stations opérationnelles avec une capacité de 10 millions de m3 en 2021 (SINEDD, 2024), tandis que 7 autres stations sont en cours de construction ou de lancement, avec une capacité combinée de 396 200 m3 par jour.
De plus, avec 41 projets de réutilisation des eaux usées épurées, le Maroc est en mesure de réutiliser près de 32 millions de mètres cubes par an (Ministère de l’Équipement, 2024). Les projets concrétisés ont eu un impact considérable sur le développement économique et social du pays. D’abord, l’augmentation des quantités d’eau destinées à la satisfaction des besoins en eau potable avec un taux de croissance annuel moyen sur la période 2016-2022 de plus de 3%. Ensuite, le taux de raccordement à l’eau potable en milieu rural qui a avoisiné en 2022 les 98%. D’autre part, ces politiques de l’eau ont également permis d’assurer l’irrigation, surtout en période de sécheresse, et de protéger la production contre les aléas climatiques.
En effet, le développement de l’irrigation a permis d’assurer une production agricole stable, même lors de périodes de sécheresse extrême et de diversifier les cultures pratiquées. Il a encouragé le développement les cultures à haute valeur ajoutée destinées à l’exportation et à créer plus de 1,5 million d’emplois permanents et saisonniers dans le secteur agricole. Ces réalisations d’envergure ont été accompagnées de réformes institutionnelles majeures visant à améliorer l’organisation du secteur de l’eau. La promulgation de la Loi 10-95 a consolidé la gestion intégrée, participative et décentralisée des ressources en eau, avec la création des agences de bassins hydrauliques et l’introduction de mécanismes financiers pour protéger et préserver ces ressources.
De même, la loi 36-15 souligne l’importance cruciale d’un cadre juridique moderne, encourageant la gestion intégrée et durable des ressources en eau. Cette législation met également l’accent sur la participation des usagers de l’eau, tout en combattant le gaspillage et la fraude.
Plusieurs défis restent à relever, notamment l’augmentation de la demande malgré les efforts de l’élargissement de l’offre de l’eau que ce soit par la construction des barrages, l’exploitation des eaux souterraines ou le recours au eaux non conventionnelles. L’un des principaux défis est la croissance constante de la demande en eau, alimentée par divers facteurs tels que la croissance démographique, l’urbanisation rapide et le développement économique.
Malgré les investissements dans la construction de barrages pour augmenter la capacité de stockage de l’eau et réguler les débits des cours d’eau, ainsi que l’exploitation accrue des eaux souterraines pour répondre à la demande croissante, l’équilibre entre l’offre et la demande reste fragile. En outre, le recours aux eaux non conventionnelles, y compris le dessalement de l’eau de mer, et la réutilisation des eaux usées épurées, est devenu de plus en plus courant pour compléter les ressources en eau conventionnelles. Cependant, ces méthodes présentent leurs propres défis, notamment en termes de coûts élevés, de disponibilité des technologies appropriées et de gestion des impacts environnementaux.
De plus, la durabilité à long terme de l’approvisionnement en eau est mise en question par les défis posés par le changement climatique, qui peuvent entraîner une augmentation de la variabilité des précipitations, des sécheresses plus fréquentes et des événements météorologiques extrêmes. Tout cela souligne la nécessité de politiques et de stratégies de gestion de l’eau intégrées, qui prennent en compte les aspects sociaux, économiques et environnementaux, pour garantir la sécurité hydrique du pays dans les années à venir.
La plus faible pluviométrie a été enregistrée, en 2017, avec seulement 103 mm de précipitations annuelles. Ce qui caractérise la présente sécheresse, c’est sa durée exceptionnelle de six années consécutives, marquant ainsi la période de sécheresse la plus longue de l’histoire du pays.
En effet, sur cette période, le cumul des précipitations moyen s’est établi à 127 mm, comparé à une moyenne de 183 mm observée sur la période étudiée, représentant ainsi une baisse significative d’environ 30 %. Cette situation critique se reflète également dans le niveau de remplissage des barrages, qui était de seulement 26% au 21 mars 2024, contre 34% à la même période de l’année précédente, ou même 71%, dix années auparavant (Ministère de l’Équipement, 2024).
De plus, depuis 1981, seulement 18 des 43 dernières années ont enregistré des niveaux de pluviométrie supérieurs à la moyenne. En d’autres termes, plus de la moitié de cette période a été caractérisée par des années sèches. Cette tendance souligne l’ampleur du défi que représente la gestion de l’eau au Maroc et met en évidence la nécessité de stratégies efficaces pour faire face aux répercussions de la sécheresse sur l’agriculture, l’économie et la sécurité alimentaire du pays.
Une situation de déficit hydrique globale exacerbée par une disparité spatiale et temporelle. La position géographique du Maroc le prédestine à un climat de type tempéré comportant des contrastes dans l’espace et dans le temps. Marquées par cette variabilité spatiale, les précipitations se font rares progressivement en allant vers l’Est, dans la zone méditerranéenne, et vers le Sud, dans la zone atlantique.
Les14 bassins hydrographiques que compte le pays sont contrastés en termes de dotation en eau. Bien qu’ils occupent que 22%, les bassins nordiques, rifains et ceux situés dans le centre du pays fournissent environ 72% des eaux mobilisables. Les bassins hydrographiques du sud occupent environ 65 % des superficies totales et ne contribuent qu’à hauteur de 5% des eaux mobilisables en raison de la faiblesse des précipitations au niveau de ces bassins.
Quant à la variabilité temporelle, les modèles de précipitations saisonnières indiquent un changement vers des événements pluvieux plus longs et plus intenses en octobre et novembre, ce qui génère souvent des inondations, tandis que le reste de l’année connaît des réductions significatives des précipitations.
On observe également une augmentation de la fréquence et de l’intensité des phénomènes extrêmes tels que les fortes pluies entraînant des inondations dans certaines régions, ainsi que des périodes de sécheresse et des vagues de chaleur dans d’autres zones.
Conscient de l’ampleur du problème, le gouvernement a pris des initiatives et mis en place des politiques pour améliorer la gouvernance et la gestion de ses ressources hydriques, et ce depuis l’indépendance. Les initiatives déployées ont pour objectif d’assurer un approvisionnement en eau durable pour tous les citoyens, tout en préservant les écosystèmes et en répondant aux défis posés par le changement climatique.
Le lancement de la politique des barrages a marqué le début de cette volonté de gestion des ressources hydriques. Instaurée dans les années 1960, cette politique ambitieuse visait principalement à mobiliser d’importantes quantités d’eau pour répondre aux besoins variés des secteurs agricole, de l’eau potable et de l’industrie.
Par la suite, une politique de planification à long terme a été mise en place au début des années 1980, pendant la période d’ajustement structurel, visant à réévaluer l’efficience de l’utilisation de l’eau et à introduire de nouveaux instruments de gestion, notamment la tarification de l’eau. La période suivante, dite post ajustement structurel, a été marquée par un changement radical dans la politique de l’eau, passant d’une logique de gestion de l’offre à une gestion de la demande.
Un changement technologique majeur a été introduit dans le secteur de l’irrigation, principal consommateur d’eau, notamment à travers la conversion des systèmes d’irrigation vers des méthodes plus efficientes telles que l’irrigation localisée, dans le cadre du Plan National d’Économie d’Eau d’Irrigation (PNEEI). Aujourd’hui, le Programme National pour l’Approvisionnement en Eau Potable et l’Irrigation (PNAEPI) 2020-2027 vise à renforcer l’approvisionnement en eau et l’irrigation au Maroc.
Ce programme prévoit des investissements de 115,4 milliards de dirhams pour développer l’offre en eau (barrages, stations de dessalement), gérer la demande (réduction des pertes dans les réseaux de distribution, irrigation localisée), améliorer l’approvisionnement en eau potable en milieu rural, réutiliser les eaux usées épurées et sensibiliser le public. Le PNAEPI constitue la première phase du Plan National de l’Eau 20-50, qui définit les actions à mener pour assurer la sécurité hydrique du pays au cours des trente prochaines années.
Une politique de l’eau ambitieuse, qui a permis de doter le pays d’un patrimoine hydrique important et d’un cadre législatif, relativement performant, a eu un impact positif sur le développement économique et social. Le Maroc s’est doté d’un riche patrimoine de 152 grands barrages, totalisant une capacité de stockage impressionnante de 19,9 milliards de m3, et a lancé la construction de 20 nouveaux barrages pour atteindre une capacité de stockage nationale de 27,3 milliards de m3 à l’horizon 2027.
Afin de garantir un équilibre entre les bassins, 16 ouvrages de transfert d’eau, s’étendant sur près de 785 kilomètres au total, ont été mis en place. En parallèle, et afin d’élargir l’offre de l’eau, le pays s’est tourné vers l’utilisation des eaux non conventionnelles, notamment les eaux de mer et les eaux usées. Pour le dessalement, le pays compte actuellement 9 stations opérationnelles avec une capacité de 10 millions de m3 en 2021 (SINEDD, 2024), tandis que 7 autres stations sont en cours de construction ou de lancement, avec une capacité combinée de 396 200 m3 par jour.
De plus, avec 41 projets de réutilisation des eaux usées épurées, le Maroc est en mesure de réutiliser près de 32 millions de mètres cubes par an (Ministère de l’Équipement, 2024). Les projets concrétisés ont eu un impact considérable sur le développement économique et social du pays. D’abord, l’augmentation des quantités d’eau destinées à la satisfaction des besoins en eau potable avec un taux de croissance annuel moyen sur la période 2016-2022 de plus de 3%. Ensuite, le taux de raccordement à l’eau potable en milieu rural qui a avoisiné en 2022 les 98%. D’autre part, ces politiques de l’eau ont également permis d’assurer l’irrigation, surtout en période de sécheresse, et de protéger la production contre les aléas climatiques.
En effet, le développement de l’irrigation a permis d’assurer une production agricole stable, même lors de périodes de sécheresse extrême et de diversifier les cultures pratiquées. Il a encouragé le développement les cultures à haute valeur ajoutée destinées à l’exportation et à créer plus de 1,5 million d’emplois permanents et saisonniers dans le secteur agricole. Ces réalisations d’envergure ont été accompagnées de réformes institutionnelles majeures visant à améliorer l’organisation du secteur de l’eau. La promulgation de la Loi 10-95 a consolidé la gestion intégrée, participative et décentralisée des ressources en eau, avec la création des agences de bassins hydrauliques et l’introduction de mécanismes financiers pour protéger et préserver ces ressources.
De même, la loi 36-15 souligne l’importance cruciale d’un cadre juridique moderne, encourageant la gestion intégrée et durable des ressources en eau. Cette législation met également l’accent sur la participation des usagers de l’eau, tout en combattant le gaspillage et la fraude.
Plusieurs défis restent à relever, notamment l’augmentation de la demande malgré les efforts de l’élargissement de l’offre de l’eau que ce soit par la construction des barrages, l’exploitation des eaux souterraines ou le recours au eaux non conventionnelles. L’un des principaux défis est la croissance constante de la demande en eau, alimentée par divers facteurs tels que la croissance démographique, l’urbanisation rapide et le développement économique.
Malgré les investissements dans la construction de barrages pour augmenter la capacité de stockage de l’eau et réguler les débits des cours d’eau, ainsi que l’exploitation accrue des eaux souterraines pour répondre à la demande croissante, l’équilibre entre l’offre et la demande reste fragile. En outre, le recours aux eaux non conventionnelles, y compris le dessalement de l’eau de mer, et la réutilisation des eaux usées épurées, est devenu de plus en plus courant pour compléter les ressources en eau conventionnelles. Cependant, ces méthodes présentent leurs propres défis, notamment en termes de coûts élevés, de disponibilité des technologies appropriées et de gestion des impacts environnementaux.
De plus, la durabilité à long terme de l’approvisionnement en eau est mise en question par les défis posés par le changement climatique, qui peuvent entraîner une augmentation de la variabilité des précipitations, des sécheresses plus fréquentes et des événements météorologiques extrêmes. Tout cela souligne la nécessité de politiques et de stratégies de gestion de l’eau intégrées, qui prennent en compte les aspects sociaux, économiques et environnementaux, pour garantir la sécurité hydrique du pays dans les années à venir.