LE classement (2011) des universités que L’Economiste publie en exclusivité est le premier exercice du genre dans le paysage de l’enseignement supérieur au Maroc. Il contient deux composantes: la première est une compétition maroco-marocaine et la seconde intègre le positionnement à l’échelle du Maghreb de manière à permettre à nos établissements de se situer par rapport à la région. Ce qui est certain, c’est que l’exercice va faire des vagues dans un milieu où l’on déteste toute idée d’évaluation. Cet outil vise aussi à pousser un peu d’émulation entre les universités. Surprise, ce n’est pas forcément les plus grandes qui sont les plus agiles et les mieux notées.
La présence «surprise» de l’université Cadi Ayyad de Marrakech à la première place au Maroc se justifie par le dynamisme de sa faculté des sciences et techniques dont les enseignants publient régulièrement dans les revues internationales. Et la capacité à marketer sa production intellectuelle et la recherche constituent un élément-clé pour biper sur les radars internationaux.
De manière générale, il y a une prime aux disciplines des sciences de la Terre, de médecine et de la chimie où l’on collecte beaucoup de citations dans les publications scientifiques.
Le Maroc place trois universités dans les dix premières au Maghreb: Mohammed V-Agdal (3e), Cadi Ayyad de Marrakech est au 6e rang et Chouïab Eddoukkali arrive en neuvième position. A l’échelle régionale, le classement est dominé par la Tunisie avec quatre établissements dans le top ten dont un sur la plus haute marche du podium (université de Sfax). L’université Mohammed V - Agdal qui passe au deuxième rang après l’université Cadi Ayyad quand le classement est national et non pas maghrébin. Le changement pour Cadi Ayyad est dû essentiellement à l’indicateur des publications dans Nature et Science. Ces changements interviennent naturellement en fonction de la normalisation à la base de 100 par rapport à l’échantillon, pour chaque indicateur du classement.
En matière de production de publications et de citations dans les revues de référence, le Maroc a perdu son avance par rapport à la Tunisie et l’Algérie qui lui arrivent loin devant aujourd’hui. Pourtant, les universités marocaines gardent un avantage concurrentiel certain en mathématiques, en chimie et en physique. Deux domaines émergent clairement aujourd’hui, la médecine et l’ingénierie. Par ailleurs, un mathématicien, professeur à l’université de Cadi Ayyad de Marrakech est par exemple l’un des plus cités au niveau international.
La méthodologie appliquée est celle utilisée par les grands classements mondiaux qui font référence -Times Higher Education, US News and World report, Leiden ou ARWU de Shanghai, assure l’auteur Hamid Bouabid qui l’a baptisé «Tasdawit Ranking». Ce classement fondé sur une pondération «enseignement/recherche», sera actualisé tous les ans avec une déclinaison par discipline, poursuit-il.
Hamid Bouabid est professeur habilité à la faculté des sciences à l’université Mohamed V Agdal, spécialiste de la scientométrie et de l’évaluation de la recherche. Il a par ailleurs été coordonnateur national du programme d’urgence jusqu’en février 2012.
Dans l’élaboration de ce travail, il a bénéficié du soutien de ses deux collègues, Mohammed Dalimi et Mohammed Cherraj, tous deux de la faculté des sciences de l’université Mohammed V-Agdal.
Tasdawit Ranking est composé de deux piliers: recherche et enseignement. Le premier est décliné en 4 indicateurs qui pèsent 65% du classement. L’espace Enseignement est décliné en 3 indicateurs avec une pondération de 35%. A terme, l’idée est de pousser les universités marocaines à postuler dans les classements mondiaux dont le célèbre Shanghai.
Classement Maroc
Comment lire les tableaux: La méthodologie de scoring adoptée pour ce classement est similaire à celle appliquée par les différents classements à travers le monde. Elle permet d’obtenir des scores normalisés, synthétiser les pondérations des indicateurs en neutralisant les différences et d’établir une échelle identique à l’échantillon sur l’intervalle de 0 à 100. Pour chaque indicateur, dans l’échantillon d’universités à classer, on prend la valeur maximale, c’est-à-dire le maximum des valeurs obtenues pour chaque université;
Un score de 100 est attribué à cette valeur maximale; le score d’une université donnée est égal à la valeur obtenue (Val.) multipliée par 100 est divisée par la valeur maximale précitée (=Val x 100/Max). Ce classement a été construit en respectant les Principes de Berlin qui servent de bonnes pratiques et de déontologie pour les modèles de classement. Les Principes de Berlin sont l’émanation du Centre européen de l’Unesco pour l’Enseignement supérieur (CEPES). Ils constituent les 16 recommandations réparties en 3 catégories : But et objectif du classement, Conception et pondération des indicateurs et enfin Présentation des résultats.