L'augmentation importante des flux de capitaux destinés aux pays en développement justifie les efforts fournis par les économistes pour la compréhension de ce phénomène. Cependant, les études se sont intéressées au volume des flux de capitaux internationaux ainsi qu’à leur distribution géographique entre les pays.
Conscients de l’importance de leurs effets bénéfiques sur leur économie, les pays en développement ne cessent pas d’adopter des politiques attractives des capitaux étrangers. En effet, les entrées de capitaux dans un pays sont susceptibles d’améliorer sa croissance économique, de stimuler l’investissement national et d’assurer un transfert de technologies et de techniques de management.
Par ailleurs, le recul à des financements de marché est allé de pair avec l’institutionnalisation de l’épargne, laquelle a renforcé le souci de diversification des placements.
Simultanément, les mouvements de capitaux ont été stimulés par l’allégement de certaines contraintes (contrôle des changes) et par le développement des instruments de gestion du risque. Ces évolutions se sont conjuguées pour permettre une meilleure adéquation de la structure de l’épargne désirée à celle des financements recherchés, gage d’une meilleure allocation des ressources.
La croissance des transactions financière internationales et des mouvements internationaux de capitaux est une des caractéristiques les plus marquantes de l’économie de la fin du XXIème siècle.
Les entrées de capitaux dans les pays en développement ont triplé, passant d’environ 50 milliards de dollars par an entre 1987 et 1989 à plus de 150 milliards de dollars durant ces dernières années.
Cette croissance explosive a été favorisée par de puissants courants, notamment la tendance à la libéralisation économique et à la multilatéralisation du commerce tant dans les pays industrialisés que dans les pays en développements.
Les flux de capitaux ont connu donc une évolution considérable et ont marqué un processus nouveau : la globalisation financière. Celle ci a fait bénéficier plusieurs pays de gains d’efficiences substantiels. Mais il serait certainement prématuré de dire que ce processus constitue la clef d’une croissance soutenable dans les pays en développement.
1 / L’analyse des caractéristiques des mouvements de capitaux : évolution, notion et déterminants
La liberté de mouvement des capitaux correspond à une tendance très ancienne de l'économie. Avant la première guerre mondiale, des flux de capitaux quittaient l'Europe occidentale pour s'investir dans des pays neufs, à croissance élevée (États-Unis, Australie, Argentine).
A leur apogée, les sorties nettes de capitaux représentaient 9% du PNB de la Grande-Bretagne, et presque autant pour la France, l'Allemagne et les Pays-Bas. Ces capitaux étaient massivement placés en titres de lignes de chemin de fer ou d'infrastructures électriques et refinançaient la dette publique à long terme.
L'intégration des marchés de capitaux entre 1850 et 1913 est illustrée par la baisse constante, sur la période, du différentiel d'intérêt entre la Grande-Bretagne et les États-Unis, ainsi que par la faible dispersion des taux d'intérêt réels entre les États-Unis, l'Allemagne, la Grande-Bretagne, la France, l'Italie et la Suède.
Avant 1914 existait une étroite corrélation entre la mobilité des capitaux et le fait que la plupart des pays adhéraient à l'étalon-or, dont le rôle clé était le maintien de la convertibilité des monnaies nationales en or. L'engagement vis-à-vis de l'or signifiait que le recours à la politique monétaire pour stabiliser l'économie en cas de chocs internes ou externes ne pouvait être que limité.
La crédibilité de cet engagement était renforcée par une politique de stabilisation des flux de capitaux à long terme des pays européens vers les États du continent américain ou d'Océanie qui adhéraient également à l'étalon-or.
La fragmentation des marchés de capitaux est intervenue entre le début de la première guerre mondiale et le milieu des années 60, soit une période de plus de cinquante ans. Lorsque le premier conflit mondial a éclaté, l'étalon-or a été suspendu et les belligérants ont instauré un contrôle sur les capitaux.
La fin de la guerre a permis le retour de jure à la situation antérieure, mais l'étalon-or n'avait pas la même crédibilité qu'avant guerre, avec des pays qui poursuivaient des politiques macroéconomiques non compatibles avec le maintien de cette convertibilité en or.
Au début de la crise de 1929, de nombreux pays ont imposé des contrôles de grande envergure et de plus en plus contraignants sur les capitaux, tentative destinée à utiliser la politique monétaire et budgétaire pour se prémunir de la déflation.
Le système monétaire international créé à Bretton Woods en 1944 s'est fondé sur le principe de la restauration des règlements multilatéraux et de la convertibilité des comptes courants, mais a introduit des restrictions aux mouvements de capitaux, restrictions considérées comme un élément central du système de parités ajustables.
Dans les années 60, Les opérateurs ont tourné les contrôles sur les mouvements de capitaux en recourant à la méthode du termaillage, consistant à précipiter les sorties d'une monnaie nationale et à retarder les rentrées en devises étrangères, dans l'attente de la dévaluation de ladite monnaie.
La fragilisation croissante du système, combinée à la chute des réserves d'or américaines, a mis fin de facto aux accords de Bretton Woods en août 1971. Deux ans après, le régime de taux de change flottants était généralisé.
Depuis le milieu des années 70, les principales puissances économiques ont progressivement abandonné les contrôles sur les mouvements de capitaux, considérant que leur mobilité n'était pas incompatible avec une politique monétaire destinée à stabiliser l'inflation.
L'homogénéisation du marché s'est en outre étendue à des pays en voie de développement (Brésil) ou récemment industrialisés (Asie du Sud-est), qui ont ouvert leurs comptes de capitaux.
Pour les pays développés, l'intégration des marchés de capitaux est une caractéristique majeure de l'économie et se trouve favorisée par la diminution des coûts de transaction qui en découle, le recours à des technologies qui créent des réseaux de transactions et de nouveaux instruments financiers.
2 -La nature des mouvements de capitaux et la chaîne de valeur:
Les mouvements de capitaux sont dans leur quasi-totalité, des mouvements à court terme et leur échéance initiale est inférieure à un an. Ils sont parfois dénommés capitaux flottants, leur caractère spéculatif est souvent mis en avant.
Il s’agit essentiellement :
Ä De l’envoi de fonds des émigrés dans leur pays d’origine.
Ä Surtout de l’exode des capitaux « invisibles » (capitaux flottants), ils sont d’origines diverses et proviennent principalement :
ü Des liquidités d’entreprises, particulièrement des firmes multinationales et des banques en quête de placements rémunérateurs favorisés par la fluctuation des changes et des variations des taux d’intérêt. L’augmentation des taux d’intérêt aux Etats-Unis durant les premières années de la présidence de Reagan a attiré d’importants capitaux.
Les transactions sur les monnaies qui représentent une activité traditionnelle et nécessaire pour répondre aux besoins du commerce mondial ont connu un essor spectaculaire depuis la disparition du système monétaire international et le flottement des monnaies.
Le volume annuel des opérations de change a été multiplié par vingt depuis 1971 et est actuellement atteint un total égal à 40 ou 50 fois montant des opérations commerciales quotidiennes.
ü Des produits d’opérations frauduleuses que les détenteurs cherchent à dissimuler ; (provenant du trafic de la drogue)
ü Des déplacements des gens « inquiets » soit de dirigeants dictatoriaux craignant pour leur avenir politique, soit de possesseurs de capitaux préoccupés par des changements politiques ;
Ces capitaux flottants profitent de conditions avantageuses (fiscalité peu élevée ; secret des opérations qu’offrent certains Etats : les « paradis fiscaux » se sont multipliés en Europe (Suisse, Luxembourg, Monaco…) en Amérique centrale (Panama, Bahamas, …..) au Moyen orient, en Extrême orient.
En revanche, on distingue également des mouvements de capitaux à long terme ; s’agissant par exemple des Investissements Directs à l’Etranger (IDE) qui peuvent se présenter sous diverses formes :
ü Création de filiales ;
ü Formation de sociétés mixtes ;
ü Acquisition de sociétés étrangères ;
ü Fusion avec des sociétés étrangères.
Dans tous les cas, les Investissements Directs à l’Etranger représentent de la part d’une entreprise une stratégie d’expansion, parallèle et complémentaire à l’exportation pour pénétrer les marchés étrangers.
Dans la plupart des cas, les Investissements Directs à l’Etranger sont le fait de firmes multinationales, transnationales ou plurinationales.
En vue d’accroître leur efficacité et leur rentabilité tout au long de la chaîne de valeur, de nombreuses entreprises ont adopté des stratégies mondiales.
L’entreprise mondiale organise ses activités comme un ensemble intégré au niveau international, depuis la recherche développement jusqu’au marketing et à la commercialisation en passant par la production et la distribution. Elle se procure des matières premières auprès des sources les moins chères, elle fabrique ou assemble des produits dans les zones où les coûts sont les plus faibles, elle acquiert et développe des compétences technologiques là où elles sont en plein essor.
Ce type d’organisation est particulièrement répandu dans les industries de pointe et a forte intensité capitalistique telles que l’informatique, l’électronique, les industries chimiques, ainsi que dans certaines industries d’assemblage comme l’industrie automobile. Il est également présent dans le secteur des industries utilisant beaucoup de main-d’oeuvre et se traduit alors par un mouvement de délocalisation.
D’après M. Porter, la chaîne de valeur permet d’analyser les différentes activités d’une entreprise. Elle permet de voir comment chaque activité contribue à l’obtention d’un avantage compétitif. Elle permet également d’évaluer les coûts qu’occasionnent les différentes activités.
Ä Les activités de base:
P Logistique d’approvisionnement (réception, stock et distribution des matières premières).
P Fabrication (transforme la matière première en produits finis).
P Logistique de commercialisation (collecte, stock et distribue le produit fini au client).
P Le marketing et la vente (permettent au consommateur de connaître et d’acheter le produit fini).
P Les services (regroupent tout ce qui permet d’augmenter et de maintenir la valeur du produit (installation, réparation…).
Ä Les activités de soutien:
P Infrastructure de l’entreprise (regroupe tous les services nécessaires à une entreprise (administration, finances, contrôle de la qualité, planification…).
P Gestion des ressources humaines (se retrouve dans toutes les activités de base).
P Recherche & développement (utiles pour toutes les activités car toutes les activités nécessitent des technologies (savoir faire, innovation…).
P Les achats (permettent aux activités de base d’acquérir les diverses ressources dont elles ont besoin).
Les liens existants entre toutes ces activités sont importantes et permettent des synergies.
3 - Les facteurs déterminants des flux de capitaux : Approche théorique
Suite à la croissance spectaculaire des flux de capitaux des pays développés à destination des pays en développement, des efforts au niveau de la littérature ont essayé de comprendre ce phénomène. La question centrale était de savoir si les flux de capitaux sont attirés par des facteurs externes aux pays récepteurs ou bien par des facteurs internes.
Les facteurs externes sont en dehors du contrôle du pays récepteur des flux de capitaux. Ce sont des facteurs qui limitent l’attractivité des placements dans les pays fournisseurs de fonds. Il s’agit essentiellement de la détérioration des caractéristiques des actifs émis par les pays débiteurs en termes de leur rapport bénéfices – risques.
En fait, les fluctuations de capitaux sont largement dues aux facteurs cycliques dans les pays développés. Durant une phase de récession économique, lorsque le rendement des investissements dans les pays développés décline, les flux monétaires quittent ces pays à la recherche des rendements élevés.
En effet, il est évident que les taux d'intérêt internationaux, souvent représentés par les taux d'intérêt des Etats-Unis, exercent une influence sur les flux de capitaux.
En fait, les IDE ne semblent pas être toujours affectés par les variations des taux d’intérêt internationaux. De même, ces variations des taux d’intérêt peuvent entraîner des diminutions des flux d’investissements de portefeuille dans certains pays et des augmentations dans d’autres pays en développement.
CALVO, LEIDERMAN et REINHART (1993, 1994, et 1996) et FERNANDEZ-ARIAS (1996) reconnaissent que, même si les facteurs domestiques puissent jouer un rôle important dans le magnétisme des flux de capitaux, la variation simultanée de certaines variables clés telles que le taux de change réel et les réserves de change en Amérique Latine durant le début des années 90 implique l’influence d’une force commune à tous les pays.
Les facteurs externes, essentiellement, la croissance économique et les taux d’intérêt des pays développés ont été déterminants dans l’attractivité des flux de capitaux dans la région.
En fait, l’expansion des capitaux destinés aux pays en développement, au début des années 90, est un phénomène très répandu qui a affecté des pays dont les caractéristiques sont différentes. Ceci se justifie par l’existence de facteurs d’ordre global.
Durant cette période, les taux d’intérêt de court terme des Etats-Unis ont diminué progressivement et en 1992, ils ont atteint leur plus bas niveau depuis 1960.
En plus, la récession économique de plusieurs pays industriels a rendu les opportunités de profit dans les pays en développement relativement plus attirantes. Les taux d’intérêt réduits ont aussi amélioré la solvabilité des pays débiteurs et ont réduit par conséquent, leur risque de défaillance.
L’importance accrue dans les investissements de portefeuille a rendu les flux de capitaux plus sensibles aux variations des taux d’intérêt que dans le passé. En effet, l’augmentation des taux d’intérêt des Etats-Unis entraîne inévitablement des ajustements importants sur les marchés financiers des pays en développement.
Cependant, l’importance évoquée des facteurs externes ne peut pas nier l’existence de facteurs internes aux importants pays récepteurs. Alors que les facteurs externes peuvent expliquer l’attractivité de nouveaux flux de capitaux, les facteurs internes peuvent être nécessaires pour l’explication de la distribution géographique des flux de capitaux et de l’évolution de cette répartition dans le temps.
Les différences entre les pays, au niveau du volume des capitaux qu’ils reçoivent, mettent l’accent sur l’importance des spécificités de chaque pays dans l’attractivité des capitaux étrangers durant une période déterminée.
Tout d’abord, les flux massifs de capitaux reflètent une intégration financière plus poussée due à l’abandon des barrières qui entravent les flux transfrontaliers de capitaux. La relaxation du contrôle de capitaux n’est qu’une réponse en partie aux forces technologiques, à la stabilisation macroéconomique, à une tendance mondiale à la déréglementation de l’activité économique et à l’orientation vers une allocation des ressources basée sur les lois du marché.
Dans ce cadre, la privatisation des entreprises étatiques et l’assouplissement des politiques à l’égard de la propriété étrangère a favorisé les investissements étrangers dans les pays en développement. Ceci s’intègre dans le cadre du recul de l’intervention de l’Etat dans l’économie et d’une initiation avec les mécanismes du marché. En réalité, la libéralisation du compte capital est indissociable de la libéralisation nationale économique et financière suivie par les pays en développement depuis la fin des années 80.
En fait, la mobilité de capitaux entre les différents pays s’explique par la recherche de meilleures opportunités d’investissement de points de vue bénéfices et risques. Par conséquent, les facteurs internes sont les facteurs qui améliorent les caractéristiques bénéfices – risques des actifs émis par les pays en développement telles que les réformes économiques qui améliorent la productivité.
Lorsque le taux de croissance du PIB est élevé, le rendement anticipé des investissements locaux est aussi élevé, ce qui favorise l’afflux des capitaux étrangers. (Les taux de croissance élevés dans les pays de l’Est asiatique ont permis d’attirer un volume important d’Investissements Directs à l’Etranger).
Par contre, les taux de croissance élevés réalisés dans d’autres régions du Monde n’ont pas eu le même effet. Ceci s’explique par le fait que les investisseurs ont des préférences pour les entreprises dont on peut anticiper le rendement.
CARLSON et HERNANDEZ (2002) ont trouvé que l’adoption d’un régime de change flexible décourage l’entrée des Investissements Directs à l’Etranger.
MC-KINNON (1999) a exprimé qu’en présence de régimes de change flexibles, les entrées de capitaux entraînent une appréciation du taux de change nominal, ce qui réduit immédiatement l’aptitude du pays à exporter et ce qui rend, par conséquent, les investissements directs dans le secteur d’exportation moins attirants dans ce pays. Etant donné qu’une grande partie des Investissements Directs à l’Etranger se dirige vers les industries exportatrices, les firmes préfèrent éviter les pays dont la capacité à exporter est loin d’être stable dans le temps.
Semblablement aux Investissements Directs à l’Etranger, les pays dont le taux de change est purement flottant ont tendance à avoir une part limitée de leurs capitaux entrants sous forme d’investissement de portefeuille. Ceci peut être expliqué par l’augmentation de l’incertitude relative à la variation du taux de change.
Le potentiel de croissance d’un pays et le développement de son marché financier sont tous les deux des facteurs déterminants des flux de capitaux. Par exemple, une meilleure infrastructure des marchés financiers ne renforce pas obligatoirement l’attractivité des investissements de portefeuille.
Un pays qui a un potentiel de croissance élevé et qui est incapable d’attirer des capitaux en portefeuille en raison de leurs marchés financiers peu développés, pourrait plus facilement attirer d’autres formes de capitaux moins coûteuses tels que les Investissements Directs à l’Etranger et le financement par dette.
En fait, le manque de transparence et l’insuffisance des informations expliquent la raison pour laquelle les prêts bancaires ont constitué la principale source de financement dont disposaient les pays en développement.
Dans tout ceci, la technologie a joué un rôle primordial dans la croissance explosive des transactions financières internationales.
En effet, la révolution en matière de technologies d’informations et de communications a favorisé la globalisation de l’industrie des services financiers. Cette révolution a fait diminuer les coûts d’émission et de commercialisation des instruments financiers.
Par conséquent, l’investisseur peut mieux suivre l’activité des compagnies situées dans des pays assez loin géographiquement (balance de paiement, bilans, stratégie commerciale, cadre réglementaire, …). Cet investisseur peut se renseigner sur les cours des actifs à un coût réduit et en un temps limité. Il peut aussi étudier la relation entre les prix des différents actifs d’une part, et entre ces cours et les différentes variables économiques d’autre part. Cet environnement qui offre une meilleure transparence favorise la demande des titres étrangers.
D’autres facteurs socioéconomiques tels que l’instabilité politique et l’étendu de la corruption interviennent dans l’attractivité des flux de capitaux. La localisation géographique est un facteur spécifique au pays débiteur qui favorise l’entrée des capitaux étrangers.
Conscients de l’importance de leurs effets bénéfiques sur leur économie, les pays en développement ne cessent pas d’adopter des politiques attractives des capitaux étrangers. En effet, les entrées de capitaux dans un pays sont susceptibles d’améliorer sa croissance économique, de stimuler l’investissement national et d’assurer un transfert de technologies et de techniques de management.
Par ailleurs, le recul à des financements de marché est allé de pair avec l’institutionnalisation de l’épargne, laquelle a renforcé le souci de diversification des placements.
Simultanément, les mouvements de capitaux ont été stimulés par l’allégement de certaines contraintes (contrôle des changes) et par le développement des instruments de gestion du risque. Ces évolutions se sont conjuguées pour permettre une meilleure adéquation de la structure de l’épargne désirée à celle des financements recherchés, gage d’une meilleure allocation des ressources.
La croissance des transactions financière internationales et des mouvements internationaux de capitaux est une des caractéristiques les plus marquantes de l’économie de la fin du XXIème siècle.
Les entrées de capitaux dans les pays en développement ont triplé, passant d’environ 50 milliards de dollars par an entre 1987 et 1989 à plus de 150 milliards de dollars durant ces dernières années.
Cette croissance explosive a été favorisée par de puissants courants, notamment la tendance à la libéralisation économique et à la multilatéralisation du commerce tant dans les pays industrialisés que dans les pays en développements.
Les flux de capitaux ont connu donc une évolution considérable et ont marqué un processus nouveau : la globalisation financière. Celle ci a fait bénéficier plusieurs pays de gains d’efficiences substantiels. Mais il serait certainement prématuré de dire que ce processus constitue la clef d’une croissance soutenable dans les pays en développement.
1 / L’analyse des caractéristiques des mouvements de capitaux : évolution, notion et déterminants
La liberté de mouvement des capitaux correspond à une tendance très ancienne de l'économie. Avant la première guerre mondiale, des flux de capitaux quittaient l'Europe occidentale pour s'investir dans des pays neufs, à croissance élevée (États-Unis, Australie, Argentine).
A leur apogée, les sorties nettes de capitaux représentaient 9% du PNB de la Grande-Bretagne, et presque autant pour la France, l'Allemagne et les Pays-Bas. Ces capitaux étaient massivement placés en titres de lignes de chemin de fer ou d'infrastructures électriques et refinançaient la dette publique à long terme.
L'intégration des marchés de capitaux entre 1850 et 1913 est illustrée par la baisse constante, sur la période, du différentiel d'intérêt entre la Grande-Bretagne et les États-Unis, ainsi que par la faible dispersion des taux d'intérêt réels entre les États-Unis, l'Allemagne, la Grande-Bretagne, la France, l'Italie et la Suède.
Avant 1914 existait une étroite corrélation entre la mobilité des capitaux et le fait que la plupart des pays adhéraient à l'étalon-or, dont le rôle clé était le maintien de la convertibilité des monnaies nationales en or. L'engagement vis-à-vis de l'or signifiait que le recours à la politique monétaire pour stabiliser l'économie en cas de chocs internes ou externes ne pouvait être que limité.
La crédibilité de cet engagement était renforcée par une politique de stabilisation des flux de capitaux à long terme des pays européens vers les États du continent américain ou d'Océanie qui adhéraient également à l'étalon-or.
La fragmentation des marchés de capitaux est intervenue entre le début de la première guerre mondiale et le milieu des années 60, soit une période de plus de cinquante ans. Lorsque le premier conflit mondial a éclaté, l'étalon-or a été suspendu et les belligérants ont instauré un contrôle sur les capitaux.
La fin de la guerre a permis le retour de jure à la situation antérieure, mais l'étalon-or n'avait pas la même crédibilité qu'avant guerre, avec des pays qui poursuivaient des politiques macroéconomiques non compatibles avec le maintien de cette convertibilité en or.
Au début de la crise de 1929, de nombreux pays ont imposé des contrôles de grande envergure et de plus en plus contraignants sur les capitaux, tentative destinée à utiliser la politique monétaire et budgétaire pour se prémunir de la déflation.
Le système monétaire international créé à Bretton Woods en 1944 s'est fondé sur le principe de la restauration des règlements multilatéraux et de la convertibilité des comptes courants, mais a introduit des restrictions aux mouvements de capitaux, restrictions considérées comme un élément central du système de parités ajustables.
Dans les années 60, Les opérateurs ont tourné les contrôles sur les mouvements de capitaux en recourant à la méthode du termaillage, consistant à précipiter les sorties d'une monnaie nationale et à retarder les rentrées en devises étrangères, dans l'attente de la dévaluation de ladite monnaie.
La fragilisation croissante du système, combinée à la chute des réserves d'or américaines, a mis fin de facto aux accords de Bretton Woods en août 1971. Deux ans après, le régime de taux de change flottants était généralisé.
Depuis le milieu des années 70, les principales puissances économiques ont progressivement abandonné les contrôles sur les mouvements de capitaux, considérant que leur mobilité n'était pas incompatible avec une politique monétaire destinée à stabiliser l'inflation.
L'homogénéisation du marché s'est en outre étendue à des pays en voie de développement (Brésil) ou récemment industrialisés (Asie du Sud-est), qui ont ouvert leurs comptes de capitaux.
Pour les pays développés, l'intégration des marchés de capitaux est une caractéristique majeure de l'économie et se trouve favorisée par la diminution des coûts de transaction qui en découle, le recours à des technologies qui créent des réseaux de transactions et de nouveaux instruments financiers.
2 -La nature des mouvements de capitaux et la chaîne de valeur:
Les mouvements de capitaux sont dans leur quasi-totalité, des mouvements à court terme et leur échéance initiale est inférieure à un an. Ils sont parfois dénommés capitaux flottants, leur caractère spéculatif est souvent mis en avant.
Il s’agit essentiellement :
Ä De l’envoi de fonds des émigrés dans leur pays d’origine.
Ä Surtout de l’exode des capitaux « invisibles » (capitaux flottants), ils sont d’origines diverses et proviennent principalement :
ü Des liquidités d’entreprises, particulièrement des firmes multinationales et des banques en quête de placements rémunérateurs favorisés par la fluctuation des changes et des variations des taux d’intérêt. L’augmentation des taux d’intérêt aux Etats-Unis durant les premières années de la présidence de Reagan a attiré d’importants capitaux.
Les transactions sur les monnaies qui représentent une activité traditionnelle et nécessaire pour répondre aux besoins du commerce mondial ont connu un essor spectaculaire depuis la disparition du système monétaire international et le flottement des monnaies.
Le volume annuel des opérations de change a été multiplié par vingt depuis 1971 et est actuellement atteint un total égal à 40 ou 50 fois montant des opérations commerciales quotidiennes.
ü Des produits d’opérations frauduleuses que les détenteurs cherchent à dissimuler ; (provenant du trafic de la drogue)
ü Des déplacements des gens « inquiets » soit de dirigeants dictatoriaux craignant pour leur avenir politique, soit de possesseurs de capitaux préoccupés par des changements politiques ;
Ces capitaux flottants profitent de conditions avantageuses (fiscalité peu élevée ; secret des opérations qu’offrent certains Etats : les « paradis fiscaux » se sont multipliés en Europe (Suisse, Luxembourg, Monaco…) en Amérique centrale (Panama, Bahamas, …..) au Moyen orient, en Extrême orient.
En revanche, on distingue également des mouvements de capitaux à long terme ; s’agissant par exemple des Investissements Directs à l’Etranger (IDE) qui peuvent se présenter sous diverses formes :
ü Création de filiales ;
ü Formation de sociétés mixtes ;
ü Acquisition de sociétés étrangères ;
ü Fusion avec des sociétés étrangères.
Dans tous les cas, les Investissements Directs à l’Etranger représentent de la part d’une entreprise une stratégie d’expansion, parallèle et complémentaire à l’exportation pour pénétrer les marchés étrangers.
Dans la plupart des cas, les Investissements Directs à l’Etranger sont le fait de firmes multinationales, transnationales ou plurinationales.
En vue d’accroître leur efficacité et leur rentabilité tout au long de la chaîne de valeur, de nombreuses entreprises ont adopté des stratégies mondiales.
L’entreprise mondiale organise ses activités comme un ensemble intégré au niveau international, depuis la recherche développement jusqu’au marketing et à la commercialisation en passant par la production et la distribution. Elle se procure des matières premières auprès des sources les moins chères, elle fabrique ou assemble des produits dans les zones où les coûts sont les plus faibles, elle acquiert et développe des compétences technologiques là où elles sont en plein essor.
Ce type d’organisation est particulièrement répandu dans les industries de pointe et a forte intensité capitalistique telles que l’informatique, l’électronique, les industries chimiques, ainsi que dans certaines industries d’assemblage comme l’industrie automobile. Il est également présent dans le secteur des industries utilisant beaucoup de main-d’oeuvre et se traduit alors par un mouvement de délocalisation.
D’après M. Porter, la chaîne de valeur permet d’analyser les différentes activités d’une entreprise. Elle permet de voir comment chaque activité contribue à l’obtention d’un avantage compétitif. Elle permet également d’évaluer les coûts qu’occasionnent les différentes activités.
Ä Les activités de base:
P Logistique d’approvisionnement (réception, stock et distribution des matières premières).
P Fabrication (transforme la matière première en produits finis).
P Logistique de commercialisation (collecte, stock et distribue le produit fini au client).
P Le marketing et la vente (permettent au consommateur de connaître et d’acheter le produit fini).
P Les services (regroupent tout ce qui permet d’augmenter et de maintenir la valeur du produit (installation, réparation…).
Ä Les activités de soutien:
P Infrastructure de l’entreprise (regroupe tous les services nécessaires à une entreprise (administration, finances, contrôle de la qualité, planification…).
P Gestion des ressources humaines (se retrouve dans toutes les activités de base).
P Recherche & développement (utiles pour toutes les activités car toutes les activités nécessitent des technologies (savoir faire, innovation…).
P Les achats (permettent aux activités de base d’acquérir les diverses ressources dont elles ont besoin).
Les liens existants entre toutes ces activités sont importantes et permettent des synergies.
3 - Les facteurs déterminants des flux de capitaux : Approche théorique
Suite à la croissance spectaculaire des flux de capitaux des pays développés à destination des pays en développement, des efforts au niveau de la littérature ont essayé de comprendre ce phénomène. La question centrale était de savoir si les flux de capitaux sont attirés par des facteurs externes aux pays récepteurs ou bien par des facteurs internes.
Les facteurs externes sont en dehors du contrôle du pays récepteur des flux de capitaux. Ce sont des facteurs qui limitent l’attractivité des placements dans les pays fournisseurs de fonds. Il s’agit essentiellement de la détérioration des caractéristiques des actifs émis par les pays débiteurs en termes de leur rapport bénéfices – risques.
En fait, les fluctuations de capitaux sont largement dues aux facteurs cycliques dans les pays développés. Durant une phase de récession économique, lorsque le rendement des investissements dans les pays développés décline, les flux monétaires quittent ces pays à la recherche des rendements élevés.
En effet, il est évident que les taux d'intérêt internationaux, souvent représentés par les taux d'intérêt des Etats-Unis, exercent une influence sur les flux de capitaux.
En fait, les IDE ne semblent pas être toujours affectés par les variations des taux d’intérêt internationaux. De même, ces variations des taux d’intérêt peuvent entraîner des diminutions des flux d’investissements de portefeuille dans certains pays et des augmentations dans d’autres pays en développement.
CALVO, LEIDERMAN et REINHART (1993, 1994, et 1996) et FERNANDEZ-ARIAS (1996) reconnaissent que, même si les facteurs domestiques puissent jouer un rôle important dans le magnétisme des flux de capitaux, la variation simultanée de certaines variables clés telles que le taux de change réel et les réserves de change en Amérique Latine durant le début des années 90 implique l’influence d’une force commune à tous les pays.
Les facteurs externes, essentiellement, la croissance économique et les taux d’intérêt des pays développés ont été déterminants dans l’attractivité des flux de capitaux dans la région.
En fait, l’expansion des capitaux destinés aux pays en développement, au début des années 90, est un phénomène très répandu qui a affecté des pays dont les caractéristiques sont différentes. Ceci se justifie par l’existence de facteurs d’ordre global.
Durant cette période, les taux d’intérêt de court terme des Etats-Unis ont diminué progressivement et en 1992, ils ont atteint leur plus bas niveau depuis 1960.
En plus, la récession économique de plusieurs pays industriels a rendu les opportunités de profit dans les pays en développement relativement plus attirantes. Les taux d’intérêt réduits ont aussi amélioré la solvabilité des pays débiteurs et ont réduit par conséquent, leur risque de défaillance.
L’importance accrue dans les investissements de portefeuille a rendu les flux de capitaux plus sensibles aux variations des taux d’intérêt que dans le passé. En effet, l’augmentation des taux d’intérêt des Etats-Unis entraîne inévitablement des ajustements importants sur les marchés financiers des pays en développement.
Cependant, l’importance évoquée des facteurs externes ne peut pas nier l’existence de facteurs internes aux importants pays récepteurs. Alors que les facteurs externes peuvent expliquer l’attractivité de nouveaux flux de capitaux, les facteurs internes peuvent être nécessaires pour l’explication de la distribution géographique des flux de capitaux et de l’évolution de cette répartition dans le temps.
Les différences entre les pays, au niveau du volume des capitaux qu’ils reçoivent, mettent l’accent sur l’importance des spécificités de chaque pays dans l’attractivité des capitaux étrangers durant une période déterminée.
Tout d’abord, les flux massifs de capitaux reflètent une intégration financière plus poussée due à l’abandon des barrières qui entravent les flux transfrontaliers de capitaux. La relaxation du contrôle de capitaux n’est qu’une réponse en partie aux forces technologiques, à la stabilisation macroéconomique, à une tendance mondiale à la déréglementation de l’activité économique et à l’orientation vers une allocation des ressources basée sur les lois du marché.
Dans ce cadre, la privatisation des entreprises étatiques et l’assouplissement des politiques à l’égard de la propriété étrangère a favorisé les investissements étrangers dans les pays en développement. Ceci s’intègre dans le cadre du recul de l’intervention de l’Etat dans l’économie et d’une initiation avec les mécanismes du marché. En réalité, la libéralisation du compte capital est indissociable de la libéralisation nationale économique et financière suivie par les pays en développement depuis la fin des années 80.
En fait, la mobilité de capitaux entre les différents pays s’explique par la recherche de meilleures opportunités d’investissement de points de vue bénéfices et risques. Par conséquent, les facteurs internes sont les facteurs qui améliorent les caractéristiques bénéfices – risques des actifs émis par les pays en développement telles que les réformes économiques qui améliorent la productivité.
Lorsque le taux de croissance du PIB est élevé, le rendement anticipé des investissements locaux est aussi élevé, ce qui favorise l’afflux des capitaux étrangers. (Les taux de croissance élevés dans les pays de l’Est asiatique ont permis d’attirer un volume important d’Investissements Directs à l’Etranger).
Par contre, les taux de croissance élevés réalisés dans d’autres régions du Monde n’ont pas eu le même effet. Ceci s’explique par le fait que les investisseurs ont des préférences pour les entreprises dont on peut anticiper le rendement.
CARLSON et HERNANDEZ (2002) ont trouvé que l’adoption d’un régime de change flexible décourage l’entrée des Investissements Directs à l’Etranger.
MC-KINNON (1999) a exprimé qu’en présence de régimes de change flexibles, les entrées de capitaux entraînent une appréciation du taux de change nominal, ce qui réduit immédiatement l’aptitude du pays à exporter et ce qui rend, par conséquent, les investissements directs dans le secteur d’exportation moins attirants dans ce pays. Etant donné qu’une grande partie des Investissements Directs à l’Etranger se dirige vers les industries exportatrices, les firmes préfèrent éviter les pays dont la capacité à exporter est loin d’être stable dans le temps.
Semblablement aux Investissements Directs à l’Etranger, les pays dont le taux de change est purement flottant ont tendance à avoir une part limitée de leurs capitaux entrants sous forme d’investissement de portefeuille. Ceci peut être expliqué par l’augmentation de l’incertitude relative à la variation du taux de change.
Le potentiel de croissance d’un pays et le développement de son marché financier sont tous les deux des facteurs déterminants des flux de capitaux. Par exemple, une meilleure infrastructure des marchés financiers ne renforce pas obligatoirement l’attractivité des investissements de portefeuille.
Un pays qui a un potentiel de croissance élevé et qui est incapable d’attirer des capitaux en portefeuille en raison de leurs marchés financiers peu développés, pourrait plus facilement attirer d’autres formes de capitaux moins coûteuses tels que les Investissements Directs à l’Etranger et le financement par dette.
En fait, le manque de transparence et l’insuffisance des informations expliquent la raison pour laquelle les prêts bancaires ont constitué la principale source de financement dont disposaient les pays en développement.
Dans tout ceci, la technologie a joué un rôle primordial dans la croissance explosive des transactions financières internationales.
En effet, la révolution en matière de technologies d’informations et de communications a favorisé la globalisation de l’industrie des services financiers. Cette révolution a fait diminuer les coûts d’émission et de commercialisation des instruments financiers.
Par conséquent, l’investisseur peut mieux suivre l’activité des compagnies situées dans des pays assez loin géographiquement (balance de paiement, bilans, stratégie commerciale, cadre réglementaire, …). Cet investisseur peut se renseigner sur les cours des actifs à un coût réduit et en un temps limité. Il peut aussi étudier la relation entre les prix des différents actifs d’une part, et entre ces cours et les différentes variables économiques d’autre part. Cet environnement qui offre une meilleure transparence favorise la demande des titres étrangers.
D’autres facteurs socioéconomiques tels que l’instabilité politique et l’étendu de la corruption interviennent dans l’attractivité des flux de capitaux. La localisation géographique est un facteur spécifique au pays débiteur qui favorise l’entrée des capitaux étrangers.